|
Résumé :
|
Non, le CBAI ne surfe pas sur la vague érotique. Mais il est vrai que la photo de couverture mérite quelques commentaires. Elle provient d’une exposition réalisée par des étudiants de la Cambre sur le thème de la « jeunesse désenchantée ? ». Cette photo est intéressante à plus d’un titre : en un seul cliché, elle condense plusieurs poncifs sur les jeunes. Au premier coup d’œil, on voit une jeune fille, une allumette à la main, penchée sur une roue de voiture. Petite étincelle prête à mettre le feu qui rappelle les révoltes des banlieues avec leurs brasiers et leurs carcasses de voitures incendiées. Par-delà les représentations évoquant le vandalisme urbain, la photo dégage aussi une sensualité certaine qui suggère quelques interprétations de l’ordre de la transgression et des jeux interdits. Après tout, c’est connu, les jeunes gens aiment flirter avec les limites de la bienséance.|Entre fantasme et réalité, tout est dans la mise en scène : en y regardant de plus près, on s’aperçoit que notre « allumeuse » n’envisage que de griller une cigarette. Tout ça pour ça ? Quelle fumisterie !|Pourtant c’est un procédé assez familier de certains médias qui, en quête de sensationnel, épinglent quelques faits divers et incivilités pour leur donner des allures de phénomènes de société. C’est ainsi jouer sur les peurs et le sentiment d’insécurité du monde des adultes. Mais cette stigmatisation d’une partie de la jeunesse nous fait trop vite oublier qu’elle est, elle-même, parmi les premières victimes de la violence, comme nous le rappelle Carla Nagels, ainsi que du marasme économique qu’elle subit de plein fouet.|Les jeunes, face aux incertitudes de leur âge, s’interrogent quant à leur place et leur utilité dans une société elle-même aux prises avec ses démons et plus préoccupée par son train de vie menacé.|En ces périodes tourmentées et marquées par la désillusion économique et le sursaut écologique, il devient peut-être temps de prendre au sérieux les cadets et de les inclure dans la réflexion et la mise en œuvre d’une société autre. Après tout, on aurait tort de ne pas profiter de leur force imaginative et de leur capacité d’innovation - on l’a déjà fait par le passé. Mais cette fois-ci, il s’agira de prendre en compte le bien-être des nouvelles générations et de celles qui suivront plutôt que de continuer à les sacrifier sur l’autel de la rentabilité.
|